ANTROPOLOGIE

Les raisons les plus vraisemblables qui ont conduit à l’évolution de la société humaine

Nous vivons une époque de confort et d’abondance qui nous fait oublier que c’est le résultat d’une évolution qui ne doit rien à la lutte des classes contrairement à ce que les créateurs du « matérialisme dialectique » tenteraient à faire croire.  

Notre abondance actuelle est due à l’évolution au cours du temps de la productivité, c’est-à-dire la quantité de bien que peut produire un individu donné dans tous les domaines, rapporté à la population moyenne.

Avant d’aborder le sujet proprement dit, revoyons la notion de chaîne alimentaire ou trophique de la vie terrestre.

Il y a 3,4 milliards d’années, il n’y avait aucune forme de vie sur la terre et on trouvait un sol stérile, de l’eau en même quantité qu’actuellement, une atmosphère avec une composition proche de celle actuelle, soit environ 79% d’azote et 21% d’oxygène. Le CO2 était dissout dans les océans et l’air n’en contenait que des traces.

Dans un de nos articles sur l’apparition de la vie sur terre nous avons souligné l’importance de pouvoir utiliser l’azote de l’air pour avoir la forme la plus rudimentaire de la vie.

Très curieusement il n’existe actuellement qu’une seule bactérie (nitrobacter nitrificans) capable d’utiliser l’azote atmosphérique directement pour le transformer en ammoniac (NH3) et par la suite lui permettre d’être utilisé par les autres bactéries pour la confection de leurs protéines.

Il est quasi certain que c’est cette bactérie qui a été la première à exister sur la terre vu que toutes les autres avaient besoin d’azote pour créer leurs protéines ! L’unicité de cette bactérie signifie que la Nature n’a pas trouvé d’autre voie pour bénéficier de l’Azote atmosphérique, indispensable à l’apparition de la vie sur Terre. 

Cette théorie en réalité présente une pétition de principe ! En effet, les enzymes qui captent l’Azote, contiennent eux-mêmes de l’Azote ! Donc la source d’Azote initiale n’est pas directement l’Azote aérien !

En réalité, dans les temps primaires de la Terre, les éléments déchaînés de la nature ont synthétisé de l’acide cyanhydrique (HCN). C’est le poison mortel de la chambre à Gaz utilisée aux exécutions capitales aux USA ou dans les chambres à gaz des Nazis. Les décharges électriques de la foudre dans une atmosphère contenant du CO2, du H2O et de l’Azote ont engendré des quantités non négligeables de ce gaz toxique. Un polymère de 5 molécules de HCN engendre une première molécule organique qui est l’Adénine, à la base de l’ADN et de l’ARN. La vie peut dès lors prendre son envol !

A partir des bactéries, sont apparus les organismes pluricellulaires, d’abord organisés en colonies (par exemple les éponges) puis en organes d’animaux inférieurs,  puis  de plus en plus complexes jusqu’à l’apparition des êtres supérieurs qui ont pris possession de la Terre entière.

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Reportons nous vingt siècles auparavant, par exemple dans une famille aisée, romaine,  grecque ou même égyptienne.

Imaginons la vie quotidienne de la famille, manifestement patriarcale à l’époque :

Prenons le père comme « fonctionnaire » dans un prétoire. Nous choisissons une famille aisée pour l’époque. Nous envisagerons les autres formes de la population en un deuxième temps. 

Le père est payé en monnaie et en biens de consommation. Il a une femme qui ne travaille pas mais qui surveille les gens de maison et s’occupe des enfants. Prenons une famille moyenne de 6 enfants.

L’école n’existe pas encore. Les enfants sont sevrés vers 2,5 à 3 ans, allaités par la mère ou par une nourrice. La famille a engagé un précepteur, ou l’a acheté sur le marché d’« esclaves » à prix très cher. Les esclaves cultivés ou qui connaissant un métier sont très prisés et même choyés à cette époque-là.

La maison est entretenue par des « gens de maison » ordinairement considérés comme esclaves.

On nous inculque depuis des temps immémoriaux que les esclaves étaient maltraités, battus, affamés… Rien n’est plus faux. Les Satyres de Juvenal prouvent le contraire. On trouve des images semblables dans « Autant en emporte le vent » qui est devenu un livre « à éviter ». Les esclaves étaient parfaitement intégrés à la vie de la famille.

 On donne sous cette image d’esclaves maltraités les prisonniers de guerre qui viennent d’être capturés ou qui se rebellent en attendant d’être vendus. Les studios de Hollywood  y sont pour quelque chose.

Dans une famille tranquille, les gens de maison s’occupent de l’entretien de la maison, chacun ayant sa tâche et très peu pensent à la lutte des classes ou à un renversement de la situation.

Ils ne sont pas payés et n’ont pas des droits publics. En revanche, ils sont logés, nourris et blanchis selon les normes de l’époque (et de plus, ne payent pas d’impôts !).

Pour le monde actuel, ne pas être payé pour des services rendus semble une injustice. Mais pour les temps éculés les principaux besoins étaient : manger, être logé et habillé. Par ailleurs, un fait ne semble pas être acquis par nos contemporains. En antiquité, il n’y avait pas de production de biens et même si ceux-ci existaient ils étaient manufacturés par des artistes et coutaient des prix exorbitants.

Donc  avoir de l’argent ne permettait pas d’acheter des biens de consommation courante autre que la nourriture. Mais la conservation n’existait pas, donc les denrées devaient être consommées rapidement. Le sel coutait cher et en France du moyen âge et était même imposé (la Gabelle)! Les gens riches achetaient des terres qu’ils mettaient en friche ou qu’ils cultivaient selon les besoins. Mais pour le commun de la masse populaire, l’argent ne permettait pas d’assurer la subsistance, le logement ou l’hygiène. Le troc était assez limité vu l’encombrement des objets et le manque de moyens de stockage.

L’état était un grand propriétaire dans tous les domaines, y compris d’esclaves qui travaillaient dans les mines ou pour bâtir des routes ou des bâtiments publiques ou des temples. Mais il les logeait, les nourrissait et veillait à leur habillement ainsi qu’à leur hygiène qui rappelons-le était précaire pour toute la population terrestre, en général !

On peut donc déduire que l’état d’esclave était à « envier » par rapport à l’état d’homme libre tels les plébéiens à Rome qui la plupart du temps étaient au chômage et donc sans ressources et pour ne pas se révolter demandaient « Panem et Circenses » c’est-à-dire du pain et des amusements,  c’est-à-dire des jeux de cirque.

L’antiquité révolue, sont arrivés les temps du Moyen âge. L’esclavage a été aboli mais il a été remplacé par le servage.  On se plait à dire que l’esclave n’avait aucun droit ni même le droit à la vie.  Vu le prix d’un esclave, les massacres d’esclaves n’ont pas jonché l’histoire hormis les révoltes des gladiateurs de Spartacus qui étaient aguerris aux métiers des armes et qui mettaient en danger l’empire de Rome. Le serf est « attaché » à la terre mais il a droit à la vie ! En fait le serf reste un esclave affranchi, attaché à son maître mais on ne peut plus le tuer sans jugement ! Rappelons néanmoins que les grands seigneurs rendaient la justice et qu’ils avaient droit de vie et de mort sur leurs sujets !

Mais la situation des paysans serfs n’avait pas beaucoup évolué par  rapport à l’antiquité vu que la productivité individuelle était très faible. D’ailleurs le servage a été aboli en Angleterre après les révoltes de Wat Tyler (1381) et en France après les Jacqueries du XIV ème siècle sous Louis X  (vers 1315)

Puis les villes sont apparues et les divers métiers ont crée des « syndicats » soit des « gildes » et le compagnonnage signifiait bien des gens qui mangent ensemble le « pain ».

Donc les patrons pourvoyaient à nourrir l’ensemble des ouvriers vu que les restaurants de l’époque étaient plutôt des auberges qui offraient le gite et le couvert à des prix exorbitants pour le maigre salaire d’un compagnon.

Les paysans serfs produisaient juste assez pour leur subsistance et le surplus allait au maître du lieu ou du château selon les situations géographiques. Les paysans étaient surtout rétribués en nature, blé pour le pain, légumes selon la saison et parfois la poule au pot selon Henri IV. La famine était la principale plaie de toutes les époques, selon les caprices de la nature  et il a fallu attendre le XVIII ème siècle pour qu’elle disparaisse d’Europe ! La dernière famine recensée en Europe a eu lieu en Irlande et a provoqué le rush des Irlandais outre Atlantique pour créer les Etats Unis d’Amérique !

Les famines qui ont suivi étaient organisées par les pratiquants du « matérialisme dialectique » c’est à dire les tyrans des blocs totalitaires des pays communistes pour forcer les paysans à se collectiviser (créer des kolkhozes). A ce sujet il serait intéressant de lire les romans de Soljenitsyne.

Les temps, modernes, c’est-à-dire la période qui a suivi le moyen âge s’est caractérisé surtout par l’apparition de la rationalisation du travail, par l’augmentation de la productivité et de la précision dans la construction mécanique.

En effet la précision de l’usinage en antiquité était de l’ordre du pouce (inch) soit 25.4 mm. Les roues des chars ou des bombardes étaient bringuebalantes et non pas fixes comme on voit dans Ben Huur !

Actuellement la précision de l’usinage est telle que pour garder les dimensions imposées par les cahiers de charges, il faut parfois recourir au conditionnement thermique (isothermie), un cylindre de 10cm de diamètre en acier, se dilatant de 0.18mm entre 0 et 100°C, soit nettement plus que la précision d’usinage le permet actuellement !

Le travail à la chaîne a permis de rationnaliser la production, d’augmenter et de stabiliser la qualité et la reproductibilité des marchandises.

Un ouvrier actuel produit suffisamment pour approvisionner dans tous les domaines environ 1000 personnes (à comparer à la productivité de l’antiquité de 1,1 environ). 

Actuellement si tous les gens aptes du Globe devait travailler, quelle surproduction de bien de consommation inutiles et quel gaspillage et épuisement des ressources terrestres !

Le chômage permet paradoxalement d’éviter cette catastrophe et on devrait appeler la civilisation actuelle avec son important taux de chômage la civilisation des « loisirs ».

Les travailleurs actuels remplacent les esclaves de l’antiquité, se nourrissent seuls, se logent seuls veillent seuls à leur hygiène en échange d’un salaire qui est adapté aux prix pratiqués dans chaque pays (et en plus payent des impôts !).

Un esprit pratique immatériel, apparenté à un automatisme, est apparu en même temps et a conduit à une spécialisation des divers pays selon les richesses dont ils disposent.

Les pays « pauvres » en réalité bénéficient de ressources que des pays même riches ne peuvent posséder ne fusse qu’à cause de la situation géographique. Un pays chaud comme la Grèce, ou la Turquie offre des équipements touristiques pour les gens voulant profiter du soleil qui fait cruellement défaut aux pays nordiques.

Les pays actuellement, même très développés, ne peuvent plus vivre isolés et en autarcie vu les biens (matières premières) qu’ils doivent importer des pays que la nature a dotés de ressources naturelles factuelles. 

Le progrès et la productivité a été rendue surtout possible par la multiplication et la vitesse des communications et des transports de marchandises. Les denrées abondantes en certains lieux de production peuvent en un temps très cours être portées à des distances qui en antiquité se chiffraient en années. Donc même des denrées périssables peuvent traverser la terre et rester comestibles avant la date de péremption !

Mais la construction des routes a été longtemps négligée, les responsables politiques ne comprenant pas toujours l’utilité d’un tel investissement. En dehors des autoroutes payantes et des chemins de fer, la rentabilité ne semble pas évidente d’emblée. Il faut envisager la rentabilité à long terme d’un tel investissement et toute la richesse que produit ce moyen pour toutes les autres branches de l’industrie et de la production des biens de consommation.

Le développement des transports a été rendu possible par la construction de routes ou des voies ferrées en des temps courts qui ont permis de donner du travail à une grande part de la population et faire profiter des populations éloignées de la productivité excédentaire locale. Les transports maritimes ont également permis le transport de marchandises lourdes, à des prix bas sur des distances comparable à la taille du Globe terrestre, en des temps raisonnables.  

Quant aux transports aériens, n’en parlons plus ! Leur développement a permis le transport à des distances incommensurables, des biens, en des temps record.  Les transports interastraux sont à portée de notre technologie actuellement.

Rappelons un fait qui est souvent passé sous silence pour des raisons « politiquement correctes » et « stratégiques ».

La plupart des grandes inventions ont d’abord été utilisées et développées dans le domaine militaire.

Rome a utilisé ses esclaves pour construire des routes pour transporter des troupes en premier lieu. Il en était de même des aqueducs. Les peuples ont profité par la suite de ces constructions.

Plus tard, lors de la bataille de Crecy (26 août 1346) où les lourdes armures françaises ont été battues « en brèche » par les nuées de flèches et les « gilets anti-flèche » en cote de maille anglaises, il a fallu développer une industrie « à la chaine » des arcs, des flèches, des pointes et des empennages ainsi que des gilets en cote de maille.  Le travail à la chaine était né et il a profité pour produire des biens de consommation plus pacifiques.

Lorsque le chargement des cannons a commencé à se faire par la culasse, il était capital à ce que les douilles des obus et les obus aient tous les mêmes dimensions. D’où une augmentation importante de la précision de fabrication avec des tolérances réduites et une importante production à la chaîne des munitions et des armes. 

Bien plus tard, la lampe triode à vide, a été gardé secret militaire jusqu’au début du XXème siècle avant qu’on envisage son utilisation comme amplificateur de signaux électriques pour la radiophonie.

La construction des autoroutes allemandes par Hitler (y compris l’autoroute Bruxelles-Ostende !), n’était pas destinée au transport des marchandises mais surtout au transport des troupes et du matériel lourd. Les biens de consommation en ont profité par la suite.

INTERNET a d’abord été un réseau militaire destiné a garder un contact permanent entre les 3 états majors américains, terrestre, aérien et maritime. Comme une guerre mondiale tardait à venir et que ces réseaux ne servaient à rien, on a pensé à faire profiter d’abord les grandes compagnies industrielles, puis leurs clients fidèles avant que la populace du globe en profite de façon large et rentabilise les investissements. Il en est de même de l’Espace.

Les premiers satellites étaient militaires à visée défensive et d’observation, avant que le domaine privé s’en empare pour les communications, les transports et les divertissements.

La progression de la productivité dans tous les domaines est à nouveau expliquée par le phénomène de bootstrap  dont nous avons esquissé l’existence dans d’autres domaines, notamment en biologie où le bon fonctionnement des cellules nécessite l’existence du bon fonctionnement de toutes les cellules avoisinantes.

Le bon fonctionnement d’une industrie actuellement nécessite une grande quantité de sous-traitants qui fabriquent des pièces indispensables au fonctionnement de l’industrie principale. Donc un état de symbiose s’établit entre le pourvoyeur principal et la nuée de sous-traitants qui lui sont indispensables.

A leur tour, les sous-traitants profitent de l’industrie principale pour laquelle ils travaillent.

Prenons l’exemple d’une industrie de construction d’avions. Cette industrie nécessite une nuée de sous-traitants qui représentent plus de cent fois le personnel utilisé par l’industrie mère. Mais le matériel pour fabriquer les avions arrive soit par la route, le train, soit pas avions même ! Donc on voit s’esquisser le phénomène précité de bootstrap !

Pour conclure, la notion d’esclavage dans l’antiquité a été, à son époque, un moyen de partage des richesses entre les différentes classes de la société antique et a même constitué l’ancêtre de la Sécurité Sociale actuelle.

Dr. STRUL