Les Articulations

Dr. STRUL Salomon                                                                                                  18 septembre 2021

Neuropsychiatrie

Ingénieur Civil Electromécanicien

De la statique des articulations

Chez un animal vertébré, à aucun moment, deux os ne viennent en contact direct, pour des raisons électriques.

En effet, l’os est un organe piézoélectrique. Cela signifie que l’os en compression fait apparaître des charges électriques aux deux points d’application des forces. Ces charges créent un potentiel électrique et un champ qui engendre un courant. Le contact entre deux os perturbe les champs qui dirigent les lignes de force le long desquelles s’orientent les cellules osseuse lors de leur croissance.   

Les contacts des extrémités avec les autres os, se font par l’intermédiaire d’une articulation, c’est-à-dire à travers un cartilage qui isole et protège l’extrémité de l’os, enfermé dans une capsule remplie de lubrifiant, la synovie.

 Cette même synovie est un corps gélatineux, très riche en mucopolysaccharides, secrété par la synoviale, qui assure le glissement des cartilages quasi sans frottement perceptible.

Les poissons sont couverts d’un mucus qui a une origine semblable et leur permet de glisser dans l’eau avec un frottement nettement plus faible qu’une surface même lisse d’un matériau habituel, bois, plastique ou métallique.

La synoviale, hormis la sécrétion de la synovie, produit un travail de succion de la synovie qui assure en permanence une pression très basse dans l’articulation, nettement inférieure à la pression atmosphérique. Cette dépression assure la coaptation des deux branches de l’articulation et la force développée peut se mesurer en dizaines de kilogrammes force. En effet, chaque centimètre carré de contact, reçoit une force d’un kilo environ (pression atmosphérique). Rappelons encore, à tout hasard, qu’il n’y a jamais d’air dans une articulation.

Le cartilage des extrémités osseuses est composé de cellules appelées chondrocytes qui secrètent une substance riche en soufre, le chondroïtine sulfate et qui vivent par imbibition au dépens de la synovie qui assure son oxygénation et la nutrition. Il s’ensuit qu’un cartilage n’est ni innervé, ni vascularisé ! Il est donc insensible. La sensibilité de l’articulation est assurée par la capsule contenant les terminaisons kinesthésiques qui renseignent le cerveau sur la position de l’articulation (6ème sens !). 

Lorsqu’un morceau de cartilage se détache de l’os à la suite d’un traumatisme, il continue à vivre dans l’articulation sous le nom de « souris » articulaire et son seul inconvénient est qu’il peut bloquer la mobilité des 2 os de l’articulation en s’insinuant entre les deux comme un coin.

D’où, obligation de l’extraire de l’articulation au cours d’une intervention d’arthroscopie.

Les chondrocytes ont une origine embryonnaire commune avec l’os et le sang, mésodermique. Elles sont à l’origine de tumeurs bénignes, chondromes, ou malignes (rares), les chondrosarcomes.   

Certaines articulations possèdent encore un organe de type cartilagineux, le ménisque qui se trouve entre les deux os, s’adapte aux deux surfaces articulaires et glisse en même temps que les os qu’il jouxte.

C’est la dépression qui règne dans l’articulation qui explique la position de l’humérus dans la glène humérale et qui donne la stabilité de l’épaule. Si la pression de l’articulation devient positive, l’épaule sort de l’articulation et pendouille sur les ligaments attenants produisant une douleur poignante. Si l’on considère une tête humérale de 5cm de diamètre, la force qui retient le bras dans l’épaule est de l’ordre de 20kgf.

La colonne vertébrale est soumise au même phénomène à travers deux articulations dites « unciformes » qui ont environ 1cm² de surface et donc  chaque vertèbre est cooptée à ses deux vertèbres adjacentes par une force de 4kgf (4 articulations).

La sécrétion de synovie est commandée par le système neurovégétatif. Chez les malades hémiplégiques, le système neurovégétatif est perturbé. Dans le bras par exemple, la pression dans l’articulation de l’épaule devient positive. Comme nous l’avons souligné ci-dessus, l’épaule se luxe, le bras qui pendouille accumule du liquide par la stase vasculaire veineuse, s’alourdit, sollicite les ligaments et tendons musculaires et engendre le syndrome épaule-main.

Souvent par la même occasion, une algodystrophie, dont l’origine est aussi un dysfonctionnement du système neurovégétatif, s’installe et complique le tableau clinique, hautement algique.

Le même phénomène de dépression dans les articulations se rencontre au niveau des hanches, des genoux et même entre toutes les phalanges des doigts et des orteils.

Un trapéziste accroché dans le vide, n’a pas besoin de contracter ses fessiers pour que ses fémurs ne sortent des articulations coxo-fémorales !

Quand on « craque » ses doigts, on décolle deux phalanges et dans le vide entre les os, le liquide synovial pénètre à une vitesse supersonique engendrant l’onde de choc audible qui est le craquement !

Lorsque pour des causes de pression excessive ou mauvaise circulation ou simplement le vieillissement, le cartilage s’use, on assiste au dénudement de l’os et au contact entre deux os, toujours pathologique ! C’est l’arthrose, à ne pas confondre avec l’arthrite, phénomène inflammatoire qui affecte les articulations dans les maladies auto-immunes ou infectieuses.

Contrairement à l’arthrite, toujours douloureuse, vu l’apparition d’une pression positive dans l’articulation avec gonflement par absence de pompage de la synovie, l’arthrose est indolore !

Si un phénomène arthrosique est douloureux c’est qu’il y a un phénomène d’arthrite surajouté !

Lorsque deux os viennent à se toucher, la pression est toujours élevée puisque la surface de contact est très faible. Les cellules soumises à une haute pression vont se déformer et appeler d’autres cellules en renfort, pour élargir la surface de contact et réduire la pression. C’est le phénomène qui engendre les « becs de perroquet » dans les vertèbres où les disques intervertébraux qui ont été écrasés par la pression ou dégénérés pour des raisons vasculaires ou métaboliques. Les images d’arthrose sont très caractéristiques sur les radiographies et signent en général le vieillissement de l’individu.

Une maladie surtout, s’attaque par prédilection aux cartilages articulaires, c’est la goutte. Il s’agit d’une affection métabolique où le patient présente un excès d’acide urique. Cet acide, précipite dans les milieux acides, c’est-à-dire où il y a un ralentissement métabolique par stase circulatoire, donc les membres inférieurs surtout.

Les cristaux d’acide urique sont pourvus de nombreuses pointes piquantes et empalent les cellules immunitaires qui tentent de les phagocyter, produisant la crise de « goutte »  qui n’est rien d ‘autre qu’un orage des cytokines localisé en tout point identique au phénomène plus général qu’on rencontre dans le Corona !

Le traitement de la crise de goutte est la CHOLCHICINE, alcaloïde du Colchique des près, qui stoppe la migration des cellules phagocytes (comme dans le CORONA).  

L’acide urique produit des géodes caractéristiques au niveau des cartilages articulaires qui ont énormément de mal à guérir et sont douloureuses car inflammatoires.

Diverses tentatives de combler les géodes par des cellules souche des chondrocytes se sont soldées par des résultats mitigé vu que la circulation locale est déficitaire.

La première condition pour qu’une greffe réussisse, c’est qu’elle soit implantée sur un terrain  richement vascularisé. Or la crise de goutte survient lorsque  la vascularisation est déficitaire et l’acidose règne. Donc les chances de prise des chondrocytes souche dans ces conditions sont réduites. 

Ceci résume les informations importantes à connaître au sujet des articulations, qui sont reprises plus largement dans les traités de rhumatologie.

Dr. STRUL Salomon

Neuropsychiatrie